Cancer colorectal : que révèle l’enquête nationale sur le parcours de soins ?
3 mars 2025
Le cancer colorectal reste un enjeu majeur de santé publique en France, car son incidence est élevée (47 000 nouveaux cas par an). Il s’agit d’un cancer grave responsable d’environ 17 000 décès par an en France. Face à ce défi, les Laboratoires Pierre Fabre ont apporté leur soutien à l’enquête COLONCARE, enquête nationale sur la prise en charge du cancer colorectal. Cette initiative avait pour objectif d’identifier les besoins d’optimisation dans le parcours de soins des patients. Explications à l’occasion de Mars Bleu, mois dédié à la prévention et au dépistage du cancer colorectal.
Un cancer fréquent
Avec 47 000 nouveaux cas et 17 000 décès chaque année 1, le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquent en France. Pourtant, détecté à temps, il peut être pris en charge efficacement.
Lorsqu’il est diagnostiqué précocement à un stade localisé, sans métastases, les chances de guérison sont très élevées
explique le Pr Jean-Marc Phelip, chef du service de gastro-entérologie et de cancérologie digestive au CHU de Saint-Étienne.
Si la maladie est repérée avant d’atteindre les ganglions lymphatiques péri-tumoraux, la grande majorité des patients seront guéris par la chirurgie. Quelques-uns peuvent rechuter, mais là encore, des solutions existent. En revanche, lorsque les ganglions autour de la tumeur sont touchés, la situation se complique. On n’est pas encore au stade des métastases, mais la tumeur a commencé à s’étendre. D’où l’importance d’un dépistage précoce.
COLONCARE : une enquête pour mieux identifier les axes d’amélioration dans le parcours de soin du cancer colorectal
Les Laboratoires Pierre Fabre ont apporté leurs soutiens institutionnels l’enquête nationale COLONCARE, une initiative novatrice visant à mieux comprendre la prise en charge des patients avec cancer colorectal en France.
Elle apporte un éclairage précieux sur les pratiques en oncologie, un domaine où les données de terrain sont rares. Avec plus de 230 réponses réparties à l’échelle du territoire, elle offre une vision représentative des professionnels impliqués dans la prise en charge du cancer colorectal : oncologues médicaux, gastro-entérologues spécialisés en oncologie, praticiens d’hôpitaux publics, de centre anticancéreux et de cliniques privées.
L’un des constats majeurs concerne le manque d’infirmières spécialisées (infirmière coordinatrices et/ou infirmières en pratiques avancées). Au total, 15% des services pratiquant l’oncologie n’ont aucune de ces infirmières.
Ces professionnelles, qu’elles soient infirmières de coordination ou en pratique avancée, jouent un rôle clé dans l’accompagnement des malades, la gestion des traitements et l’orientation vers d’autres spécialistes. Pourtant, leur répartition reste inégale sur le territoire, avec une concentration dans les grands centres hospitaliers.
Autre point critique : les délais pour obtenir les résultats des tests de biologie moléculaire, cruciaux pour adapter les traitements dès le début de la prise en charge.
Selon les résultats, il faut entre deux à quatre semaines, un temps d’attente trop long et très variable selon les régions. Cette situation s’explique par l’envoi des prélèvements vers des plateformes spécialisées, souvent situées dans de grands hôpitaux. Depuis 15 ans, peu de progrès ont été faits sur ce front.
Alors, comment améliorer la prise en charge ?
Cette enquête nous permet de mettre en avant la nécessité d’une meilleure coordination entre les acteurs de santé. Sensibiliser les médecins à l’importance d’anticiper les tests, structurer des réseaux pour réduire les disparités régionales et fluidifier les parcours patients sont autant de pistes à explorer
Conclut le Pr Phelip
Pour conclure, cette première enquête pose donc les bases de projets d’harmonisation de la qualité des soins pour réduire les inégalités régionales dans la lutte contre le cancer colorectal.
Le dépistage, un outil essentiel
Le dépistage à partir de 50 ans, qui repose sur la réalisation d’un test gratuit au domicile, joue un rôle clé pour éviter un diagnostic tardif, à un stade métastatique, où les chances de guérison restent limitées malgré les progrès médicaux
Indique le Pr Phelip
Aujourd’hui, on sait mieux traiter la maladie et prolonger la vie des patients. En détectant le cancer précocement, avant même l’apparition des premiers symptômes, on augmente considérablement les chances de guérison. Si 100 % des personnes de plus de 50 ans faisaient le test (tous les 2 ans), on éviterait 10 000 décès chaque année.
Alors que Mars Bleu débute, c’est l’occasion de se faire dépister.
Source : Enquête Nationale sur la prise en charge du cancer colorectal, COLONCARE, réalisée par les Cours Saint Paul auprès de 235 médecins prenant en charge le cancer colorectal en France. – Interview du Pr Jean-Marc Phelip, 11 février 2025